Interview Isabelle Prin du Lys & Thierry Bernard
Découvrez qui se cache derrière Auditorium premier parfum du triptyque The Spirit of Europe.
Rencontre avec Thierry Bernard parfumeur et Isabelle Prin du Lys gérante et éditrice de la Maison de parfum Serena Galini.
1.Qui es tu ?
Isabelle Prin du Lys: Ma première pensée, tout simplement femme et mère, ma seconde réflexion : J’ai mis au monde et tenté de faire s’accoucher trois talentueuses et magnifiques personnes.
Thierry Bernard : Un grand rêveur…
2. Pourquoi le métier de parfumeur?
Thierry Bernard : C’est mon chemin de vie …. j’aime les plantes, leurs parfums et les mélanger pour créer un instant, un souvenir, une émotion.
3. Pourquoi le métier d’éditrice?
Isabelle Prin du Lys : Éditrice, peut on parler d’édition -sourire- Frédérique Malle est un Éditeur de parfum. Je suis plutôt une artisane et partisane du beau, du pur, et du simple, juste une entre-preneuse.
4. Quelle est ta fragrance de prédilection?
TB : La fleur de Frangipanier au petit matin et l’odeur de terre mouillée par l’ondée.
IPL : Sans hésiter le cuir qui claque comme un coup de cravache sur la botte, le luxueux, le sulfureux, l’extravagance de mon enfance. Je me serais damnée pour dormir dans la sellerie.
5. Quelle est ton plus lointain souvenir olfactif (madeleine de Proust)
TB : Le fanage des foins à la campagne.
IPL : L’odeur du caoutchouc dans l’usine de mon grand père, je jouais à cache cache au milieu de montagnes de chambres à air et de pneus rechapés.
6. Y a t il une fragrance que tu n’apprécies pas et à l’inverse que tu adores?
TB : Que j’adore : les gousses de vanille bourbon qui sèchent au soleil, j’ai pris conscience que même les fragrances que je n’ appréciais pas peuvent être << la différence >> dans mes créations. J’ai appris à les aimer toutes ….
IPL : Je ne sais pas encore, certaines me questionnent.
7. De quoi t’inspires tu quand tu crées?
TB : D’images de vie , d’instants présents, d’émotions et de ressentis …. perçus au cours de mes voyages . Des couleurs souvent, je conçois mes parfums comme un tableau.
IPL : On me guide tout simplement, l’ailleurs me parle, Nous discutons, élaborons, mesurons, et tombons d’accord.
8. Si vous aviez pu créer un parfum lequel serait il?
TB : Le parfum de jean Baptiste grenouille ou l’eau sauvage d’Edmond Roudniska.
IPL : Il est fait Auditoruim, je ne crains pas de paraître présomptueuse, mais il est inclassable. Blague à part je n’en sais strictement rien, j’en aime tellement.
9. Si vous n’aviez pas été parfumeur/éditrice qu’est-ce que vous auriez aimé être/faire?
TB : Archéologue sans aucun doute, pour mon attrait des civilisations.
IPL : Cantatrice, une magnifique soprane.
10. Quelle a été votre approche dans la création d’Auditorium?
TB : Une approche d’alchimiste , un brin magique avec des mesures de vibrations au pendule.
IPL : Dans un premier temps, traduire des souvenirs, des voyages il s’agissait d’ être au plus proche de 456 confidences. J’ai eu besoin de me plonger dans l’histoire de l’Europe de la Rome antique à nos jours. Il fallait imaginer le jus, le flacon, le médaillon et m’entourer de personnes aussi passionnées que moi, convaincre. J’ai pas peur de dire qu’ Auditoruim est un acte de foi.
11. Pourquoi travailler avec du naturel?
TB : Toutes les couleurs, saveurs, notes et fragrances sont disponibles là, tout autour de nous. la nature , les mélanges seules dans une harmonie parfaite. Pourquoi chercher ailleurs quand la palette est déjà magique.
IPL : Je suis fille de Dame nature. Un cheval aurait pu me pondre au milieu d’un pré, cela n’aurait surpris personne même pas mes parents -rire- Un besoin primitif. Quant au naturel ou à la nature je l’apprivoise : Parfois. Je compose avec elle, je troque, lui parle, négocie. Quant à la maîtriser ! il m’a fallu trouver Thierry Bernard pour les convaincre… C’est ce qui me plaît : les plantes sauvages, les rebelles qui forment des clans de bonheur. Auditoruim est naturellement une conteuse de bonne aventure : Elle révèle nos ombres et nos lumières, elle nous démasque.
12. Qu’est ce qui vous anime le plus dans votre métier?
TB : La beauté des matières, la passion de créer et la liberté de ne pas avoir de limites.
IPL : les rencontres, les autres.
13. Quel parfum portez vous et pourquoi?
TB : Aucun au labo, sinon Cuir Kora de l’orchestre à parfums.
IPL : Cabochard une vieille amitié, des souvenirs ou des huiles essentielles miraculeuses.
14. Quel endroit du monde vous laisse le meilleur souvenir olfactif?
TB : La vallée d’Ambanja à Madagascar, le paradis des plantes à parfums.
IPL: Mon écurie où se mélangeaient les odeurs de foin, de paille, des chevaux et du cuir humide de transpiration.
15. Ca sent quoi chez vous?
TB : Ma maison est neutre , seul mon labo est parfumé.
IPL: Bon paraît il ! Ou pas, j’ai deux chiens pas coquets, et un matou aristocratique.
16. Quelles étapes sont le plus compliquées lorsque vous composez un parfum?
TB : Le plus difficile dans la création c’est d’en acter la fin : se dire que l’on est arrivé au bout et que l’on ne pourra plus le rendre meilleur.
IPL : Être d’accord avec Maître Thierry Bernard. C’est très sportif et cela demande un entraînement quotidien, Je plaisante bien-sur.
17. Comment choisissez vous le nom de votre composition/parfum?
TB : Chaque création a une histoire, une empreinte, un ressenti, une image….. Le nom est inclus dans le chemin.
IPL : Pour notre premier parfum, le nom s’est imposé. Serena Galini est une entreprise familiale et un lieu où chacun s’exprime et donne ses idées. Le nom des prochains parfums furent plus compliqués à choisir (…) Et sérieusement, compliqués est un joyeux euphémisme quand on connait -la créativité foisonnante- de la tribu. Cela s’est terminé comme d’habitude avec le pendule qui a tranché.
18. Avez vous un mantra?
TB : Qui garde son âme d’enfant ne vieillit jamais.
IPL : OUI, le rire.
19. Avez vous des influences artistiques (peinture, musique, époque…)?
TB : Les couleurs ont une grande influence dans mes créations car je donne à chaque essence une teinte ou une couleur abstraite comme si la finalité était une toile.
IPL : Je suis amoureuse de Rotko sa peinture fut une révélation. Gabriel Fauré, les romantiques… Pour le reste, mes enfants me gavent de sons en tous genres, ils appellent cela de la musique! Cette épreuve me permet d’entretenir une forme de patience, et de ne certainement pas mourir idiote selon eux!
20. Si vous étiez une odeur, une fragrance?
TB : Une estive Pyrénéenne à l’automne, une fleur de café au printemps.
IPL : Une! J’aime froisser les feuilles de plantes aromatiques, les frotter sur mon poignet et les mâcher!
21. Si vous étiez un objet?
TB : Un bois flotté.
IPL : Jamais, et encore moins une femme objet.
22. Des projets à venir?
TB : un parfum naturel thérapeutique , une facette de mon travail encore non-assouvi, et surtout accompagner la Maison Serena Galini dans ses prochaines aventures parfumées .
IPL : Jour et Nuit pour la trilogie de The Spirit of Europe, de jolies eaux secrètes, puis au passage quelques bougies des quartiers de Strasbourg, Patience…